Partie 1 - L'Europe un théâtre majeur des guerres totales [1914-1945]

    CHAPITRE 4 - LA FRANCE DEFAITE ET OCCUPE 
    Régime de Vichy, Collaboration, Résistance

    Discours radiodiffusé de Pétain du 17 juin 1940

    Discours de de Gaulle enregistré le 22 juin 1940 à la BBC de Londres

    Comment s’organise la France sous la Seconde Guerre mondiale ?


    I- Le régime de Vichy et la collaboration.

    A. La défaite et la fin de la République.

    En mai 1940, l’armée allemande lance son offensive et met les armées franco-anglaises en déroute : c’est « la débâcle ». Des millions de civils tentent alors de fuir l’avancée allemande : c’est l’exode de mai-juin 1940. Pour mettre fin à cette situation, le maréchal Pétain est nommé Président du Conseil le 16 juin 1940. Il signe un armistice à Rethondes avec l’Allemagne le 22 juin 1940.
    Cet armistice impose de dures conditions à la France et coupe son territoire en deux par une ligne de démarcation : la zone occupée au nord, puis la zone libre au sud.
    Les actes constitutionnels, votés par les députés et les sénateurs le 11 juillet 1940, accordent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain : c’est la fin de la IIIe République et la naissance de l’Etat français (ou régime de Vichy).

    Ligne de démarcation : frontière qui sépare la zone occupée et la zone libre entre juin 1940 et mars 1943.
    Actes constitutionnels : actes législatifs qui modifient la Constitution.
    Etat français : nom officiel du régime autoritaire de Vichy. 

    B. Les fondements du régime de Vichy.

    Pétain instaure un régime autoritaire qui censure la radio et la presse, interdit les grèves et bloque les salaires et les prix. Pour redresser la France, il mène une « Révolution nationale » qui se caractérise par un culte de sa personnalité et une propagande autour de valeurs  traditionnelles symbolisées par la devise du régime :  « Travail, Patrie, Famille ».
    L’Etat français exerce une politique d’exclusion en traquant les opposants au régime, en réalisant des milliers de dénaturalisations, et en menant une politique antisémite par l’instauration de statuts pour les Juifs dès le 3 octobre 1940.

    Révolution nationale : ensemble des mesures anti-républicaines prises par l’Etat français pour redresser le pays.
    Dénaturalisation : fait de retirer la nationalité à une personne.
    Antisémitisme : hostilité et rejet de la population juive. 

    C. La Collaboration.

    La rencontre de Pétain et Hitler à Montoire le 24 octobre 1940 fait entrer le régime dans une collaboration. Le régime de Vichy participe ainsi à des rafles, comme celle du Vél’dhiv (16 et 17 juillet 1942), et à la déportation des Juifs vers les camps de concentration et d’extermination, soit environ 85 000 personnes.
    Suite au débarquement allié au Maroc, les Allemands envahissent la zone libre le 11 novembre 1942 qui devient la « zone sud ». Avec cette invasion, la collaboration de l’Etat français se renforce. Une milice est mise en place pour aider la gestapo à lutter contre les résistants, les opposants politiques, et pour traquer les Juifs.
    Enfin, Vichy participe à l’effort de guerre allemand : Pierre Laval  met en place le STO à partir de 1943, des soldats sont fournis à l’armée allemande, puis une part des productions industrielles et agricoles reviennent à l’Allemagne. La France connaît alors de nombreuses pénuries qui amènent à la mise en place de tickets de rationnement et au développement d’un marché noir.

    Collaboration : action d’aider l’ennemi qui occupe le pays.
    Rafle : arrestation massive opérée à l’improviste par la police.
    Milice : organisation policière fondée en 1943 qui pourchasse les résistants, les Juifs et les opposants politiques en collaborant les troupes allemandes.
    Gestapo : « police secrète d’Etat ». Police politique du nazisme, chargée de traquer les opposants au régime.
    STO : Service du Travail Obligatoire pour les hommes âgés de 21 à 23 ans qui sont contraints de travailler pour l’Allemagne.

    II. La Résistance permet la Libération.

    A. La Résistance extérieure. 

    L’appel lancé par le général de Gaulle depuis Londres le 18 juin 1940 donne naissance à la résistance extérieure. Pour lui, la France peut continuer son combat avec le soutien des Britanniques et des colonies françaises. Il crée alors le mouvement de la « France libre » dont il prend la tête du gouvernement et le dote d’une armée, les Forces Françaises Libres (FFL).

    France libre : nom du mouvement de résistance extérieure créé à Londres par le général de Gaulle. 

    B. La Résistance intérieure.

    En France, la résistance se met en place dès 1940. Il s’agit d’une petite minorité qui refuse l’armistice, l’occupation, le régime de Vichy et la collaboration. Organisés en petits réseaux indépendants, les résistants agissent dans la clandestinité au péril de leur vie : ils cachent des Juifs, font du renseignement pour la résistance extérieure, réalisent des actions militaires (sabotages, attentats) ou informent la population par la création de tracts et de journaux clandestins.
    A partir de 1942, les mouvements de résistance s’intensifient. Avec l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, les communistes entrent en Résistance. Ils sont rejoints par la population mécontente des pénuries, des exécutions d’otages ou de la mise en place du STO. Le refus du STO pousse ainsi de nombreux jeunes à rejoindre les maquis.

    Réseau ou mouvement de résistance : organisation clandestine spécialisée dans l’information, les renseignements ou les actions armées.
    Maquis : groupe de résistants installé dans des zones difficilement accessibles (montagnes, forêts) qui mène des actions armées contre l’occupant.

    C. L'unification de la Résistance et la Libération.

    En 1941, de Gaulle envoie Jean Moulin en France pour unifier les mouvements de résistance intérieure. Ces derniers sont unifiés en mai 1943 par la création d’un Conseil National de la Résistance (CNR) qui reconnait de Gaulle comme chef de la Résistance.
    Regroupant leurs forces armées dans les FFI, les résistants participent à la Libération de la France aux côtés des Alliés qui débarquent en Normandie (juin 1944) et en Provence (août 1944). La libération de Paris en aout 1944 permet à de Gaulle de descendre triomphalement les Champs-Elysées et de prendre la tête du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF).

    CNR : organisation créée en 1943 par Jean Moulin et regroupant tous les mouvements de la résistance intérieure, des représentants des anciens partis politiques et des syndicats.
    FFI : créées en 1944, les Forces Françaises de l’Intérieur unifient les mouvements armés de la résistance intérieure.
    GPRF : gouvernement provisoire succédant au régime de Vichy et dirigé par de Gaulle du 3 juin 1944 au 27 octobre 1946.