Partie 3 - La France et l'Union européenne

I. Un territoire en construction.
L’UE est née de la volonté des Etats de l’Ouest de garantir la paix et de développer leur économie sur le continent. D’abord organisée en CECA en 1951, puis en CEE par les traités de Rome de 1957, et enfin en UE par le traité de Maastricht en 1992 ; cette organisation ne cesse d’évoluer et de s’élargir aux pays de l’Europe de l’Est depuis l’effondrement du communisme en 1991.
Candidate à l’UE depuis 2003, il aura fallu dix ans à la Croatie pour réaliser les transformations de sa politique, de son économie et de sa culture nécessaires aux attentes de l’UE. Grâce à une aide financière et au soutien des institutions européennes, la Croatie est devenue officiellement le 28e membre de l’UE le 1er juillet 2013. Ainsi, aujourd’hui l’UE compte 506 millions d’habitants soit 7% de la population mondiale
Les institutions européennes se concentrent dans la mégalopole : le Parlement siège à Strasbourg et Bruxelles, la Commission et le Conseil européen sont implantés à Bruxelles, la Banque centrale européenne est située à Francfort, puis la Cour de Justice au Luxembourg. Ces institutions communautaires font de l’UE une organisation régionale.
Aujourd’hui, l’UE compte 506 millions d’habitants soit 7 % de la population mondiale et elle produit le quart des richesses mondiales.
Mégalopole ou dorsale européenne : région s’étendant du sud-est du Royaume-Uni au nord de l’Italie, et concentrant de nombreuses villes, activités économiques et fonctions de commandement.
Organisation régionale : association d’Etats qui délèguent par traité, l’exercice de certaines compétences (agriculture, environnement, recherche, justice) à des institutions communes.
B. Une construction incomplète.
L’UE se compose d’un marché commun permettant aux marchandises, aux capitaux et aux services de circuler librement. Si l’ensemble des Etats-membres participent à cette politique, il en est autrement pour la politique monétaire (zone euro) ou migratoire (espace Schengen).
Zone euro : créée en 1999, elle regroupe 19 pays de l’union sur les 28 utilisant la monnaie unique.
Espace Schengen : accords signés à Schengen au Luxembourg en 1985 et 1990 permettant la libre circulation des hommes entre les Etats membres. Cet espace regroupe tous les Etats membres de l’UE, à l’exception de l’Irlande, ainsi que des pays n’appartenant pas à l’union (Islande, Royaume-Uni, Norvège, Suisse).
II. Les contrastes territoriaux.
A. Des inégalités de richesses et de développement à toutes les échelles.
Il existe d’importantes inégalités de richesse et de développement entre les Etats-membres : les Etats fondateurs, traversés par la mégalopole, connaissent une situation plus favorable que les Etats du sud et de l’Europe centrale et orientale. L’Europe du Sud se caractérise essentiellement par une économie touristique qui a favorisé un fort endettement des Etats comme la Grèce ou l’Espagne. Quant à l’Europe centrale et orientale, son passage de l’économie communiste à l’économie libérale reste très difficile : l’agriculture est peu productive et les services sont encore peu développés. Toutefois, elle constitue un réservoir de main d’œuvre bon marché et favorise les délocalisations de l’Europe de l’Ouest.
Les inégalités sont également présentent au sein même des Etats. La région la plus dynamique d’Europe demeure la mégalopole. Elle ne favorise seulement que quelques régions des 8 Etats qui la composent. Plus on s’éloigne de ce cœur économique, et plus les régions rencontrent des difficultés, à l’exception de quelques grandes métropoles comme Paris ou Madrid. Les territoires à fortes contraintes (massif montagneux, régions du nord de l’Europe et îles) tentent de rattraper leur retard économique.
Délocalisation : transfert d’un site de production vers un pays bénéficiant de conditions plus favorables (moins d’impôts, main d’œuvre bon marché…).
B. Les politiques européennes pour réduire les inégalités.
L’UE favorise la mise en place de coopération transfrontalière pour soutenir et développer ses territoires en marge, par des projets communs comme la Grande Région qui se situe dans la mégalopole européenne et qui regroupe l’Est de la France, le Sud de la Belgique, le Sud-Ouest de l’Allemagne et le Luxembourg. Cette Grande Région possède une histoire et une économie commune basée sur l’industrie et les activités minières. Elle doit aujourd’hui se reconvertir dans d’autres secteurs d’activités et faire face au chômage des jeunes et à la mobilité de ses travailleurs, dont la majorité se concentre au Luxembourg.
Créé en 1975, le Fonds Européen de DEveloppement Régional (FEDER) et le Fonds Social Européen (FSE) contribuent à la politique de cohésion et territoriale entre les Etats membres. Plus du tiers du budget de l’UE est consacré à aider les régions en difficulté.
Cette politique permet d’améliorer l’accessibilité des territoires, de favoriser l’activité économique et de lutter contre le chômage, puis de favoriser le développement durable.
FEDER : organisme de l’UE chargé de financer des aménagements et des projets de développement pour réduire les écarts régionaux.
FSE : organisme de l’UE chargé de soutenir l’emploi et de favoriser la cohésion économique et social des Etats-membres.
Coopération transfrontalière : politiques de l’UE ayant pour objectif de développer les liens entre les territoires et les populations des régions frontalières.
Cohésion sociale et territoriale : politique économique et sociale visant à réduire les écarts de richesse et de développement entre les territoires et les habitants de l’UE.
III. La place de la France dans l'Union européenne.
A. Une situation privilégiée au sein de l’UE.
La France occupe une position privilégiée au sein de l’UE : c’est une double interface. C’est une interface océanique et maritime par son accès sur l’océan Atlantique, la Mer du Nord et la Mer Méditerranée. C’est aussi une interface continentale et terrestre en reliant l’Europe du Nord et de l’Est à l’Europe du Sud.
C’est aussi un membre fondateur de l’UE qui tient une place centrale en finançant une large partie du budget de l’UE et en bénéficiant de ses nombreuses aides comme la PAC. Par ailleurs son économie est étroitement liée à celle de l’UE car 60% de ses exportations se font avec les autres Etats-membres.
Interface : zone de contact entre deux espaces.
B. Une situation privilégiée de plus en plus remise en cause.
Les élargissements successifs de l’UE déplacent progressivement le centre de l’Union vers l’Est. La mégalopole européenne en a été renforcée, mais la France n’est que peu rattachée à cet espace dynamique (bassin parisien et régions de l’Est). L’aspect de « finisterre » du territoire français se retrouve donc de plus en plus renforcé. Les principaux littoraux français se retrouvent de plus en plus en marges du reste de l’Union. Ils connaissent des difficultés économiques et démographiques qui contraignent l’UE à intervenir par des aides financières.
Finisterre : extrémité d’une terre.
Conclusion.
L’UE est un projet géopolitique et économique qui exerce une forte attractivité sur ses voisins comme en témoigne ses élargissements successifs. Mais, l’intégration de ces nouveaux Etats entraîne une augmentation des inégalités de développement et de richesses entre ses membres. L’enjeu des politiques européennes consiste donc à réduire ces écarts par une politique de cohésion. D’autre part, si la France occupe une place privilégiée au sein de l’union, celle-ci est de plus en plus mise à mal par les élargissements successifs et les politiques menées par l’UE.